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La technologie nous permet aujourd'hui de produire des carreaux céramiques toujours plus minces et toujours plus grands, tant pour les sols que pour les murs. La pose de tels carreaux requiert une attention rigoureuse, particulièrement en ce qui concerne leur manipulation, leur découpage, la technique d'encollage et le jointoiement.
Définitions
Un carreau est «mince» quand son épaisseur est comprise entre 3 et 6 mm. Selon l'Union européenne des fédérations des entreprises de carrelage (EUF), un carreau est «XL» quand sa surface est supérieure à un mètre carré et «XXL» quand sa surface est supérieure à trois mètres carrés. On estime que les carreaux de 3 mm d'épaisseur ont une masse d'environ 7 kg/m².
Normes
La norme «produit» NBN EN 14411 s'applique à ce type de carreaux, mais on n'évalue pas de la même façon certaines de leurs propriétés (résistance à la flexion et au choc, par exemple) et d'autres techniques d'essai leur sont applicables.
Un rapport technique international, avec directives en annexe, est en cours de rédaction sur la pose de carreaux dont l'épaisseur est inférieure ou égale à 5,5 mm, ainsi qu'une norme «produit» sur les carreaux minces avec renforcement de fibres de verre («back meshed») ou sans («natural»).
Nouveau produit, nouvelles méthodes
Quand les carreaux minces XL et XXL sont apparus sur le marché, on manquait cruellement d'instructions et/ou de dessins techniques pour savoir comment les poser. On en a davantage aujourd'hui, mais le carreleur doit rester critique vis-à-vis des informations technico-commerciales reçues et toujours consulter les déclarations de performance des matériaux qu'il va utiliser (carreaux, colle et produit de jointoiement).
Pour la pose de carreaux minces XL et XXL, on peut se référer aux principes généraux du carrelage (tolérances de planéité, désaffleurements, rectitude des joints (cfr. la NIT 237), tout en prenant certaines précautions particulières quant à leur manipulation et découpage. Leur encollage et leur jointoiement requièrent aussi des techniques particulières.
Examen du chantier
Cet examen s'impose toujours avant de poser un carrelage. Dans le cas des carreaux XL et XXL, il y a trois choses à vérifier:
- La chape doit être très plane (classe 1 dite «exécution sévère»): les défauts de planéité doivent être limités à 3 mm sous la règle de 2 m (voir tableau). Si nécessaire, un produit d'égalisation et un primaire d'accrochage doivent être utilisés avant la pose;
- Les carreaux doivent parvenir intacts dans la pièce à carreler. La largeur des couloirs et des baies de porte doit être vérifiée. Parfois, il faut utiliser des outils spécifiques de manutention et des chevalets de transport;
- La position du premier carreau à poser, dit «de référence», doit être indiquée sur le plan de pose par l'architecte qui aura contrôlé la faisabilité pratique et technique du travail demandé.
Manipulation et découpe
Les carreaux minces XL et XXL se manipulent et se posent avec précaution. Des outils de manipulation ajustables ou non et avec ventouse (et pompe à vide de préférence) permettent de sortir les carreaux de leur emballage (souvent un coffre en bois). Pour la découpe, on se sert de matériel spécifique: coupe-carreaux, coupe-verre, meules manuelles, scies à eau,' Les carreaux découpés à l'aide d'une scie à eau doivent être séchés avant l'encollage de leur face de pose; et ceux qui sont sciés à sec doivent être débarrassés de la poussière.
Technique d'encollage
Le double encollage («floating-buttering») est la seule technique adaptée aux carreaux minces XL et XXL. Dans ce cas, on utilise en général un mortier-colle de type C2 S1 ou C2 S2, avec ou sans propriétés additionnelles (F, T et E: voir NIT 237). Et si la face de pose est revêtue d'un renforcement en fibres synthétiques, c'est la C2 S2 qui convient. La fiche technique de la colle est là pour le confirmer.
La colle doit être étalée tant sur la chape («floating») que sur la face de pose du carreau («buttering»). Vu la sensibilité de ce type de carreau, on encollera soigneusement les bords et les coins. La colle doit être étalée de façon rectiligne (cfr. photo) plutôt que de manière aléatoire ou en éventail. On veillera aussi à ce que les sillons sur la chape et ceux sur le carreau soient parallèles plutôt que perpendiculaires. Un petit mouvement de va-et-vient, perpendiculaire aux sillons, permet alors d'enfoncer correctement le carreau.
Pour finir, on tapotera les carreaux à l'aide d'une taloche à joints en caoutchouc en partant du milieu vers les côtés pour aplatir les sillons et limiter les inclusions d'air; l'idéal étant d'obtenir une surface de contact de 100 % et une répartition optimale de la colle.
Revêtements muraux
Pour les revêtements muraux, la couche de colle sur la face de pose du carreau ne doit pas nécessairement être peignée: on peut se contenter de l'étaler avec le côté plat de la taloche. Les carreaux XL et XXL de moins de 5 mm d'épaisseur étant très sensibles au poinçonnement et le contact à 100 % étant difficile à réaliser, on les réservera de préférence à ces revêtements muraux.
Joints
Avec de grands carreaux, on a moins de joints. Tous les joints de structure présents dans le support doivent être prolongés dans le dallage. Leur largeur doit au moins être le double de la tolérance sur les dimensions des carreaux, avec au moins 3 mm. Le mortier de jointoiement sera de type CG2, adapté selon sa fiche technique à ce type d'application.
Références
Le texte qui précède est une adaptation du dossier du CSTC 2015/2.11 rédigé par T. Vangheel, ir., chef adjoint, laboratoire Matériaux de gros 'uvre et de parachèvement, CSTC, en collaboration avec la Fecamo et avec le soutien de l'Antenne Normes Parachèvement, du projet IWT «Innoveren met tegels» et de la Guidance technologique COM-MAT. Seul ce dossier original peut être cité en référence.